Cet article analyse la mise en oeuvre de programmes publics de lutte contre la pauvreté rurale en
Afrique du Sud et fait le parallèle avec les politiques d’aide internationale au développement, en soulignant
en particulier un de leurs travers, à savoir leur relative inefficacité. En remobilisant un concept-clé des
travaux en anthropologie, celui du courtier, couplé à la redécouverte de l’idée de « point de passage obligé »
(gatekeeping) issue de la science politique, cet article montre à quel point les courtiers ont l’ambition de
s’imposer comme des intermédiaires hégémoniques au sein d’un univers du courtage très disputé. À cette
occasion, notre article s’interroge sur les relations entre les figures nouvelles et traditionnelles du courtage,
c’est-à-dire entre les conseils d’administration des comités d’irrigation et les élites tribales.
This paper studies the implementation of national public policies tackling
rural poverty in South Africa and draws a parallel with international development aid public policies,
stressing in particular one of their common predicaments, i.e. their relative ineffectiveness. Building on the
key notion of “brokerage” in anthropology, and coupling it with the notion of “gatekeeping” derived from
the political science literature, this paper demonstrates how much brokers strive to become hegemonic
intermediaries within a very competitive brokerage environment. This paper questions the relations between
new and pre-existing figures of brokerage, i.e. between an irrigation committee’s governing board and
village’s traditional elites.